WOMEN OF MONCTON // FEMMES DE MONCTON

Audrey Favre // Femmes de Moncton

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de lire et de connaître un peu mieux une jeune femme immigrante de la France, Audrey Favre. Heureusement, nous nous sommes rencontrées il y a quelques années à un évènement local pour les blogueurs. Depuis ce temps, je la suis en ligne et je découvre beaucoup de nouvelles aventures à faire ici au Canada et ailleurs autour du monde. Audrey partage des articles détaillés au sujet de voyages. Elle parle aussi de son parcours en tant qu’immigrante qui est devenue citoyenne Canadienne. J’ai toujours été inspiré par Audrey Favre, donc j’avais très hâte de vous la présenter dans la série Femmes de Moncton.

Femmes de Moncton NB

Qui est Audrey Favre? Parles-nous un peu de toi-même.

Je suis la grande introvertie du monde. Je ne suis pas très forte pour communiquer verbalement, ce qui m’a conduite vers des métiers de l’écriture : je suis principalement traductrice, mais aussi rédactrice et blogueuse, le tout à mon propre compte. Je traduis des livres sur l’art et les guides de voyage, mais aussi des documents plus terre à terre, c’est très varié.

Je tiens un blogue de voyage, Arpenter le chemin, qui me permet à la fois d’écrire sans fin sur le voyage au sens large, mais m’a aussi permis de rencontrer beaucoup de mes amies. (En effet, c’est comme ça que nous nous sommes rencontrées!)

À part ça, j’ai grandi en France et j’ai immigré à Moncton en 2014. Je suis devenue citoyenne canadienne en 2020 – la meilleure chose qui me soit arrivée l’année dernière ! Je suis écolo, féministe, socialiste, je suis toujours la tête dans mon monde gothique entre littérature et magie et j’essaie constamment de savoir ce que je veux faire et qui je veux être.

Pourquoi as-tu décidé de venir t’installer à Moncton? Qu’est-ce qui t’a attiré à venir ici?

C’est une longue histoire. Il y a toute une réaction en chaîne : une insatisfaction quant à ma situation dans mon pays d’origine, pour commencer. Je m’ennuyais, je voulais voyager, voir autre chose, vivre des aventures. Depuis une vingtaine d’années, le Canada incarne un pays de rêve pour beaucoup d’Européens francophones, un pays où tout est possible, et encore mieux : en français. Je n’ai pas fait exception à la règle, et le Canada s’est imposé comme l’endroit où j’avais envie de vivre.

Ça, c’est pour le choix du Canada. Mais Moncton en particulier ? Je suis venue au Nouveau-Brunswick car c’était la province qui avait le plus besoin d’immigrants francophones à cette époque, celle qui facilitait le plus les démarches. Et je suis venue à Moncton car c’était la ville qui répondait le plus à mes envies au Nouveau-Brunswick : à taille humaine, bilingue, bien placée, avec un aéroport à proximité. Cela fait souvent rire quand j’explique que j’avais envie d’aventure, et que j’ai atterri à Moncton. Mais vivre à Moncton, c’est toujours une aventure pour moi.

Comment as-tu trouvé la transition de déménagement au Canada? Parle-nous un peu du processus.

C’était un changement à plusieurs niveaux. J’ai quitté un continent pour un autre. Une ville de quatre millions d’habitants pour une ville de 150 000 personnes. Un appartement pour une maison. La vie dans un français pour une vie dans un autre français et en anglais. La montagne pour la mer.
Hormis le déménagement “physique” fini depuis longtemps, le déménagement “mental” est toujours en cours. Je suis toujours en train de digérer ce processus, notamment parce qu’il y avait tant de changements en un. Il n’y a pas un jour où je ne me dis pas que j’ai de la chance de vivre ici.
Il y a toujours un petit rien, quelque chose qui émerveille, qui surprend, qui touche, et qui me rappelle que j’ai fait ce grand saut.

Qu’est-ce que t’aimes le plus à propos de Moncton?

Moncton me donne la possibilité de vivre ma “vie en ville” de rêve : je peux à la fois vivre dans une maison et tout faire à pied. J’ai tout ce qui compte à portée de main : cafés, bibliothèque, marché, coworking et même un panier bio à deux pas de chez moi. C’est étrange de vouloir vivre à l’européenne au Canada, mais ça fonctionne. Grâce au faible coût de l’immobilier, j’ai pu acheter une maison. Et j’avoue qu’on ne comprend pas tellement pourquoi les habitants de Moncton détestent tellement le centre-ville, alors que nous, on s’éclate.
Downtown Moncton
Photo: Ben Champoux
J’aime aussi la scène culturelle. La plupart de mes amies évoluent dans le milieu culturel et j’ai l’impression qu’il se passe toujours quelque chose d’excitant, et qu’il serait plus facile qu’ailleurs d’avoir une deuxième activité créative. Comme la ville est petite, je trouve qu’il est relativement facile de trouver des relations dans le domaine qu’on vise. Le réseau est plus solide dans une ville comme Moncton, il y a une grande solidarité.

Et en parlant de solidarité, je ne sais pas si ça découle de mes fréquentations dans le milieu culturel, mais j’ai trouvé beaucoup de personnes qui sont immensément engagées, qui essaient de faire changer les choses à leur niveau, et j’apprécie cette énergie.

Quel a été l’un des plus grands défis en tant qu’immigrante au Canada?

Un des principaux défis pour moi, c’est la question du français. Au quotidien, nous parlons la même langue mais nous ne communiquons pas de la même façon. Même sans parler des variétés différentes de français, la communication passe aussi à travers la cadence de la conversation, les silences, les expressions du visage, la culture et plus globalement, la façon de voir le monde. Même après six ans, je suis toujours en train d’apprendre à communiquer en français. La moindre interaction peut être source de malentendus, même à l’épicerie, parce que l’humour n’est pas le même, parce que je ne comprends pas toujours ce qui est implicite.

L’autre défi, qui est en train de se poser, c’est celui de la distance et de l’identité. Maintenant que je suis citoyenne à la fois du Canada et de la France, j’essaie de faire cohabiter ces deux allégeances. Même si je suis citoyenne canadienne comme toi, je serai probablement toujours “immigrante” aux yeux des gens et dans ma tête.

Audrey Favre

Parle-nous un peu de ton blogue!

En 2016, j’ai créé Arpenter le chemin, un blogue pour parler de mes voyages. J’avais auparavant tenu un blogue sur mon immigration (Les néo-Brunswickois) qui m’avait permis de faire de nombreuses rencontres, et j’avais envie de parler d’autre chose et de rencontrer encore plus de gens. J’ai d’ailleurs créé un groupe Facebook “Voyager au Nouveau-Brunswick” pour partager des idées et photos de sorties au NB (https://www.facebook.com/groups/voyageNB).

Sur mon blogue, je parle de voyage au sens large : grands voyages au bout du monde comme ce voyage entre Chine, Corée du Sud et Japon en 2018, escapades dans le Canada atlantique ou même sorties autour de Moncton, comme la rando qui mène à la combe de glace de Parlee Brook, vers Sussex. Je parle de randonnées, de road-trips, d’expériences culturelles. La devise de mon blogue est “Fort en sensations douces” parce que j’aime le calme, le silence, la nature. Ce n’est pas chez moi que vous trouverez de la motoneige ou du jetski.

Mes lectrices sont majoritairement en Europe pour une simple question numérique – il y a beaucoup plus de francophones en Europe qu’au Canada – mais j’ai pu gagner des lectrices localement pendant la pandémie, puisque j’ai beaucoup publié sur la bulle atlantique.

Voyages au NB
Mon blogue est majoritairement bénévole mais il m’arrive de travailler en partenariat avec des offices de tourisme pour écrire sur leur destination. Cela me donne un biais, évidemment, mais comme je suis facile à émerveiller, je n’ai pas souvent à me forcer du moment qu’on me donne des beaux paysages.

Qui est-ce qui t’inspire?

Les gens qui osent passer outre les attentes de la société. Ceux qui osent être eux-mêmes.
Ceux qui se mettent au service de la société, en s’engageant profondément dans la vie citoyenne et le bénévolat, m’inspire aussi un immense respect.

Quel conseil donnerais-tu aux autres femmes?

En tant que femme, on nous inculque souvent à penser que notre valeur tient à ce qu’on fait pour les autres ou à la façon dont on se présente aux autres. On est toujours dans le regard des autres, et ça nous pousse à ne pas exister à part entière. Ce serait bien si on pouvait consacrer une grande partie de cette énergie à exister pour nous-mêmes.

Retrouvez Audrey Favre en ligne

Audrey est présente sur son blogue, mais aussi sur Twitter, où elle parle de voyage, de traduction, d’animaux mignons et de taphophilie (la passion des pierres tombales). Si vous préférez Facebook ou Instagram, elle s’y retrouve mais de façon moins active.
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