WOMEN OF MONCTON // FEMMES DE MONCTON

Marielle Landry // Femmes de Moncton

Malgré ce temps de pandémie, j’ai voulu continuer ma série Femmes de Moncton, et lancer la première publication de 2020 sur un bon pied. J’ai donc approché une amie de la Nouvelle-Écosse pour me parler d’une sujet assez sensible – le racisme. En tant que jeune femme blanche, je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre quant au racisme systémique. Je sais que je dois continuer de m’améliorer, et que je dois prendre responsabilité pour mes mots et mes gestes, qui ont surement été à un moment donné, racistes. J’ai donc le plaisir d’avoir eu une discussion à ce sujet avec Marielle Landry.

Marielle Landry

Parles moi un peu de toi-même.

Premièrement, merci d’avoir pensé à moi pour cette entrevue. Je m’appelle Marielle Landry. Je suis originaire de l’Isle Madame qui est sur l’Isle du Cap Breton en Nouvelle-Écosse. Mes intérêts sont de passer du temps en famille, voyager, les sports et la musique. J’ai un Baccalauréat en Administration des affaires de l’Université de Moncton et je suis professionnelle en assurance – Chartered Insurance Professional(CIP). Je travaille présentement en assurance comme professionnel en sinistres. J’ai une sœur jumelle identique. Nous sommes d’origine Zambienne et Canadienne. Nous étions nées au Cap Breton, et adoptées à un très jeune âge par nos parents acadiens.

Femmes de Moncton

Est-ce que tu étais consciente du racisme à un jeune âge? Comment cela a eu un impact sur ta vie, en tant que jeune?

Je ne me rappelle pas d’être consciente du racisme à un très jeune âge, mais je me rappelle bien de quelques expériences que maintenant, avec du recule, je vois que c’était des expériences racistes. Nous étions parmi les seules personnes de minorités visibles sur l’Isle Madame. Je me rappelle d’être appelé le mot “n” sur l’autobus à un très jeune âge et que les plus vieux enfants ont ri. Mais j’étais trop jeune pour comprendre. Je me rappelle d’avoir pleuré. Mes parents m’ont expliqué et j’ai réalisé à un très jeune âge que parfois, les gens utilisaient les mots pour essayer de blesser les gens. 

Quel était l’un de tes plus grand défis en grandissant, surtout dans une communauté rurale au Cap Breton?

En grandissant, je n’ai pas senti beaucoup de difficultés. Les gens autour de moi, ma famille, mes amis, nous ont jamais fait sentir comme si on était différent. Une autre petite histoire : mon cousin avait 13 ans avant qu’il réalise que mon père biologique est africain et que c’est ça la raison que ma peau est plus foncé. Il ne l’avait vraiment pas du tout réalisé avant qu’un de ses amis lui à dit à l’école; et quand il a demandé à sa mère, elle lui a confirmé que oui, c’était bien vrai.

La difficulté que je vois maintenant, en étant adulte, c’est qu’avec le manque de diversité, les gens peuvent parfois être ignorants, même si ce n’est pas avec de la malice ou avec des mauvaises intentions. Certains commentaires que j’ai entendu en grandissant n’étaient pas ok, mais je ne le réalisais pas dans le temps. Par exemple, ma sœur et moi nous sommes jumelles, et certains parlaient de nous et disaient “the black twins” (les jumelles noires). Ça ne semble peut être pas méchant, mais ça nous a fait penser, “est-ce ça la seule choses que les gens voient?”

Comment décrirais-tu les enjeux que font fassent les personnes de couleurs au Canada? 

Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais je peux dire que le racisme et le racisme systémique existent encore – [même] au Canada. J’ai entendu des gens dire que le racisme existe, mais pas au niveau que c’était dans le temps de MLK (Martin Luther King) ou Rosa Parks. Je suis certaine que d’autres personnes de couleurs peuvent vous raconter pleines d’expériences [qu’ils ont vécus]. Mais j’en ai une qui est flagrante et qui pourrait vous surprendre parce que ça date d’il y a quelques années.

Ma sœur jumelle était dans un autobus à Halifax, N-É. Elle a choisi son siège par hazard au milieu de l’autobus. Un homme blanc est venu s’asseoir à côté d’elle et a commencé à lui parler. Il lui a demandé pourquoi elle se sentait comme si elle pouvait s’asseoir là et non au derrière de l’autobus. Il a continué de l’harceler jusqu’à ce qu’elle a eu peur et qu’elle est descendue de l’autobus avant son arrêt. C’est une de plusieurs expériences que les personnes de minorités doivent vivre à chaque jour, partout dans le monde.

Pourquoi est-il important, encore aujourd’hui, pour que les gens luttent contre le racisme?

La situation d’aujourd’hui, les vies innocentes qui sont prisent, les expériences que j’ai raconté, les expériences des milliers d’autres personnes de couleurs devraient être assez, même trop, pour comprendre qu’il est important de continuer la lutte contre le racisme. Le travail n’est pas encore fini.

Moncton Racisme
Photo de la démonstration Black Lives Matter au centre-ville de Moncton. Photo prise par Ellen Jeffries.

Pourrais-tu décrire, dans tes propres mots, le racisme systémique?

Le racisme systémique par définition c’est le racisme institutionnalisé, dans les pratiques sociales, politiques, etc. Quand on dit que quelque chose est systémique, c’est pour dire que c’est relatif à un système, qu’il soit économique, social, politique, etc. Je pense que la chose la plus importante à comprendre c’est que c’est souvent très subtile, et tellement subtile que c’est devenu presque normal pour les gens. [Je vous partage] un exemple qui encore n’est peut être pas évident, mais qui démontre comment on ne s’en rend pas compte.

En grandissant, et même maintenant, les gens disent souvent, “You don’t sound black,” ou “tu ne parles pas comme une personne noire.” C’est [comme si] les gens ont déjà une idée à comment les gens noirs doivent parler. Peut-être que vous avez tout de suite pensé à un accent particulier [en lisant ces paroles]. Mais pensez-y. Tout comme les blancs, les noirs ne viennent pas tous du même pays, ne parlent pas tous la même langue, etc. Prenons juste ma famille par exemple, et prenons par exemple l’Anglais. Moi j’ai un accent du Cap Breton. Mon fils a un accent français parce que c’est sa première langue, et mon époux, lui son accent est du Philadelphie de l’ouest parce qu’il a appris l’anglais en regardant Fresh Prince of Bel-Air. En français, mon mari a un accent de la région Picardie en France, [tandis que] moi j’ai un accent acadien d’Arichat, et mon fils parle le chiac. Alors c’est quoi “parler comme un noir?”

Comment pouvons nous, en tant que communauté multiculturelle, appuyer les personnes noires dans toutes leurs démarches?

Je vais citer mon fiancé parce qu’il l’a dit parfaitement:

L’éducation. Comme Maya Angelou l’a dit, “Do the best you can until you know better, and when you know better, do better.” Nous devons faire le mieux que nous pouvons jusqu’à ce que nous savons mieux. Tout de suite, nous n’avons pas d’excuses. Faut savoir mieux. Faut s’éduquer. Faut éduquer les autres. Faut éduquer nos enfants. Le temps, c’est maintenant.

Levez-vous. Dites non au racisme. “On est ensemble.” C’est tout le monde contre le racisme.

Femmes de Moncton
Marielle Landry avec son conjoint Jonathan Kamba et leur premier fils Malik

J’aimerais remercier Marielle Landry d’avoir eu cette discussion avec moi, d’ouvrir la conversation sur ce sujet sensible. Le racisme est un sujet qui nous est parfois enseigné à l’école, et ensuite nous n’en discutons plus. Et je pense qu’en évitant d’en parler, nous empêchons l’apprentissage qui est nécessaire afin de créer un changement.

J’espère que cette entrevue vous aura donner une idée du vécu d’une jeune femme noire dans l’est du Canada, et que vous serez inspirés de continuer votre à vous éduquer au sujet du racisme systémique.

Si vous connaissez quelqu’un qui aimerait paraître dans la série Femmes de Moncton, surtout par rapport à un sujet qui pourraient toucher les lecteurs. Le but d’écrire ces articles, en gros, c’est de partager l’histoire et le vécu d’une femme; une histoire qui pourrait d’ailleurs changé la vie d’une autre femme. Mais il n’y aura jamais de changement, ni d’impact si on ne continue pas d’avoir des discussions, et de partager des histoires. Donc je vous remercie vous aussi pour avoir pris le temps de lire cet article et de suivre mon blogue.

 

Pour plus d’information à propos de Tiny Adventures Journey, vous pouvez me trouver sur Facebook et sur Instagram.

5 thoughts on “Marielle Landry // Femmes de Moncton

  1. Tres bon article. Plein de réflexions sans judgement. Je trouve que c’est teinté d’espoir .

  2. Nous sommes fiers de nos deux filles, de Jonathan et de toutes les personnes qui témoignent et qui luttent pour les droits des personnes noirs, indigènes et autres personnes de groupes de minorités visibles. Continuons à faire la différence et à se renseigner afin de mettre fin au racisme systémique. Faisons toutes et tous notre partie!

  3. Chère Marielle, tu as vraiment bien parler lors de ton entrevue. On est bien fiere de toi, tu es vraiment intelligente et une bonne maman.
    Bravo pour toi xxx ooo on t’aiment Darlene et Roy Sampson.

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